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Photo du rédacteurLaurent Goater

"La France est en déclin. Pécresse a le caractère et les compétences nécessaires pour présider"

Sénateur des Français établis hors de France depuis 2017, Ronan Le Gleut est venu au Portugal pour expliquer le projet du candidat Les Républicains en vue de l'élection présidentielle d'avril. Il affirme que la France est prête à accueillir la première femme à l'Élysée : un bon signe pour le monde.

Article de Helena Tecedeiro – Diario de Notícias ® – Publié le 11 mars 2022



Le président Emmanuel Macron a finalement annoncé sa candidature à l'élection présidentielle. Attendre si longtemps était-il une bonne stratégie ou cela pouvait-il se retourner contre lui ?

J'ai envie de dire : "Enfin !" Il était temps pour le président sortant d'entrer en campagne. Pour une raison simple, la démocratie a besoin de débats. Nous ne pouvons pas nous soustraire à la démocratie. L'élection présidentielle approche et le débat démocratique doit avoir lieu. Parce qu'elle est indispensable à la légitimité de celui - j'espère - ou celle qui présidera la France pendant cinq ans. On ne peut pas faire comme si on allait contourner l'élection présidentielle, c'est le moment démocratique le plus important pour la France.


Vous dites "celui" qui gouvernera la France. Nous parlons de Valérie Pécresse, la candidate de votre parti, Les Républicains. Pécresse a fait un début de campagne fulgurant mais a chuté dans les sondages. Est-il difficile de faire campagne contre un président en exercice dans le contexte d'une guerre en Ukraine ?

Ce n'est pas seulement la guerre mais aussi la pandémie, qui se poursuit dans les esprits et l'organisation de notre pays. Comme je l'ai dit, il était temps que nous ayons un débat démocratique. Et celle-ci ne pouvait commencer sans l'un des protagonistes, à savoir le président sortant, qui est aujourd'hui avant tout un candidat parmi les autres. On ne peut pas promettre de faire dans cinq ans ce qui n'a pas été fait dans les cinq années précédentes. C'est pourquoi il est important d'avoir un débat sur le bilan [du mandat] et sur son projet. Quant au bilan, M. Macron ne peut être crédible en promettant de faire maintenant ce qu'il n'a pas fait pendant cinq ans. Nous avons un pays qui n'a pas été réformé, alors que la France doit l'être. Valérie Pécresse a un projet de réforme - à la fois pour augmenter le pouvoir d'achat, qui est une préoccupation énorme pour les Français, et sur les questions de sécurité, car la délinquance a explosé en France, mais aussi sur les questions économiques. Pour la première fois de notre histoire, le commerce extérieur de la France a diminué de 85 milliards. Il s'agit d'un indicateur de la compétitivité de la France. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas faire confiance à quelqu'un qui a eu de si mauvais résultats. En revanche Valérie Pécresse a des résultats à faire valoir. Ministre de l'enseignement supérieur, elle a été chargée de l'une des grandes réformes du mandat de Nicolas Sarkozy : l'autonomie des universités. On voit aujourd'hui dans les classements internationaux que les universités françaises sont mieux placées que par le passé. C'est en grande partie grâce à cette réforme. Et en tant que présidente de la région Île-de-France, Mme Pécresse a également obtenu des résultats, raison pour laquelle elle a été triomphalement réélue l'année dernière. Nous pouvons faire confiance à Valérie Pécresse car dans toutes les fonctions qu'elle a occupées, elle a obtenu des résultats tangibles et concrets.


© Leonardo Negrão


En tant que candidate du parti Les Républicains, un parti de la droite traditionnelle, l'un des plus grands défis de Pécresse ne sera pas de s'aliéner les électeurs les plus modérés mais de gagner ceux de droite ?

Il n'est pas difficile de trouver cet équilibre. L'important est de faire adhérer les Français à un projet, avec des propositions concrètes pour augmenter le pouvoir d'achat. Valérie Pécresse a des propositions à cet effet sur la table. Car aujourd'hui, les Français ont le sentiment que leur pouvoir d'achat baisse. La sécurité est également une question fondamentale. Il y a des quartiers entiers en France qui sont des "zones de non-droit", des "zones de non-France". Il y a donc un besoin de reconquête républicaine. Une fois de plus, Valérie Pécresse présente des mesures fortes. Les Français ont besoin de vivre mieux, ils ont besoin de plus de sécurité dans la rue, ils ont besoin de plus de pouvoir d'achat. C'est le projet, ce n'est pas une question de positionnement.


La pandémie rendra-t-elle difficile la réalisation de ces projets ?

Je crois que nous allons bientôt sortir de la pandémie. Mais nous devons tirer les conséquences de ce qui s'est passé, à savoir la désorganisation de nos hôpitaux. Je parle d'un système kafkaïen d'hyper-administration. Nous avons besoin d'hôpitaux avec plus de personnel de santé et moins de personnel administratif.


Pensez-vous que la pandémie puisse servir de justification au fait que le président Macron n'ait pas avancé dans certaines réformes et projets ?

Il y a eu beaucoup de manque de préparation, beaucoup d'essais et d'erreurs et nous pouvons même dire, au début, un manque de professionnalisme. Le débat en France sur le port du masque, que l'on voit maintenant avec un certain recul, est totalement surréaliste.


La France a déjà connu deux femmes au second tour des présidentielles - Ségolène Royal en 2007 et Marine Le Pen en 2017 - mais n'a jamais eu de femme présidente. Le moment est-il venu ?

Le moment est venu ! Avec Valérie Pécresse, nous avons quelqu'un qui a une expérience de ministre, qui est président de région, qui a été député. Elle est donc prête pour ce travail. C'est important parce que nous parlons de présider l'une des principales puissances du monde, un pays doté d'attributs de puissance considérables, un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, qui dispose de moyens de dissuasion [nucléaire]. Il faut donc quelqu'un qui soit prêt à la présider. Et c'est une caractéristique de Valérie Pécresse : elle est prête à exercer la fonction. Je pense que le moment est venu pour la France d'avoir un président. Elle sera à la fois bénéfique pour le pays, pour son image de lui-même, mais aussi pour l'image de la France dans le monde.


Marine Le Pen tente à nouveau d'accéder à la présidence après avoir été battue au second tour il y a cinq ans. L'entrée d'Éric Zemmour, autre candidat d'extrême droite, a bouleversé la campagne et pourrait nuire au leader du Rassemblement national (ex-Front national) ?

Il y a un an, Zemmour était une surprise, mais aujourd'hui nous sommes dans une nouvelle phase de la campagne. Et les déclarations de Mme Le Pen et de M. Zemmour - mais aussi, à l'extrême gauche, de M. Mélenchon - qui, depuis des années et des années, ont des mots élogieux envers le président russe, Vladimir Poutine, disqualifient les extrêmes. Cette position constante, prise depuis des dizaines d'années, de glorifier à l'extrême droite la personnalité et les actes de Vladimir Poutine sont aujourd'hui des éléments qui disqualifient les candidats Zemmour et Le Pen. Mme Le Pen a même mis au pilon un dépliant tiré à plus d'un million d'exemplaires dans lequel elle apparaissait sur une photo aux côtés de M. Poutine. Sans parler des déclarations flatteuses, pour ne pas dire admiratives, de M. Zemmour à l'égard de M. Poutine, assurant que la Russie était plus digne de confiance que l'Allemagne. [Avec l'invasion russe de l'Ukraine], la situation a changé. Cela les disqualifie.


La gauche française entre dans la campagne complètement fragmentée. Après s'être contenté de 6% en 2017, le Parti socialiste français est-il voué à disparaître ou peut-il encore retrouver sa place au sein de la gauche traditionnelle ?

Le Parti socialiste, qui a donné à la France deux présidents sous la Cinquième République - François Mitterrand et François Hollande - n'a jamais été aussi faible dans toute son histoire. Mais elle reste très bien implantée à l'échelle locale. Qu'ils soient maires ou présidents de région. Il faut donc distinguer la position nationale du Parti socialiste, aujourd'hui affaibli de facto, de la situation dans les régions, les départements et les communes où il reste un parti très bien implanté.


Vous connaissez bien Valérie Pécresse, vous travaillez avec elle. Que pouvons-nous attendre de la France dans les cinq prochaines années si elle gagne ?

Une reprise. Les Français le ressentent : la France est en déclin et a subi un déclassement. Tant au niveau national qu'en comparaison internationale. Avec, parfois, des moments d'humiliation. Comme ce fut le cas pour les sous-marins en Australie [Canberra s'est engagée en 2016 à acheter 12 sous-marins français pour 34 milliards d'euros, mais a annoncé en septembre 2021 la fin de ce contrat, cédant la commande aux États-Unis]. Ce démantèlement, nous devons l'arrêter. Et ce n'est pas le président sortant, désormais candidat, qui n'a pas arrêté le déclin de la France, qui peut aujourd'hui prétendre le faire. Il faut quelqu'un d'autre, quelqu'un de compétent, qui a toujours atteint ses objectifs, qui connaît le contexte international, pour entamer ce redressement. C'est redonner la fierté française, le goût de l'effort, rendre nos entreprises plus compétitives, rendre la France conquérante, relever la tête. Nous devons faire en sorte que notre système éducatif enseigne à nouveau correctement. Actuellement, nous avons chuté dans plusieurs classements, notamment en mathématiques. J'ai déjà parlé du pouvoir d'achat. Il y a tout un programme de reprise qui appartient à Valérie Pécresse. Et elle a le bon caractère et les bonnes compétences. C'est une femme à la détermination sans faille, qui ne serre pas la main et qui a toujours atteint ses objectifs.


Le Sénateur Le Gleut est venu au Portugal pour expliquer le programme de Valérie Pécresse aux Français de l'Étranger et soutenir la candidature de Laurent Goater aux legislatives pour la 5e Circonscription (Portugal, Espagne, Andorre, Monaco).

© Leonardo Negrão


Vous êtes le sénateur des Français établis hors de France. Cette campagne dans différents pays est-elle importante ?

C'est une campagne pour les Français du Portugal et, en général, pour les Français de l'étranger - 1,6 million de Français participeront aux élections présidentielles depuis l'étranger. Ils sont français à part entière, même s'ils se sentent souvent français "à part". Il s'agit ici d'expliquer le programme spécifique de Valérie Pécresse pour les personnes vivant à l'étranger. Parce qu'ils font partie des destins nationaux, ils ne sont pas en dehors de la république. Il ne s'agit pas seulement d'un discours pour les 15 000 Français qui participeront aux élections présidentielles ici au Portugal, mais également pour tous les Français. Valérie Pécresse est attentive aux Français à l'étranger. Pour la première fois dans l'histoire de l'élection présidentielle, nous avons organisé un Zoom ouvert aux Français de l'étranger. Et plus d'un millier ont participé à une rencontre avec Pécresse où elle a pu expliquer - avec moi et Michel Barnier [ancien ministre et ancien négociateur de l'UE pour le Brexit] - son programme. De nombreux Français vivant à l'étranger souhaitent scolariser leurs enfants dans des lycées français, mais cela coûte cher. Nous voulons faire baisser le prix de la scolarité à l'étranger en revoyant le système des bourses. Les Français de l'étranger veulent que les consulats fonctionnent, ils veulent plus de consuls honoraires. Nous voulons aussi revoir la fiscalité qui s'applique aux Français de l'étranger, qui est défavorable. Nous voulons examiner les questions de sécurité. Pour toutes ces raisons, Valérie Pécresse propose un programme spécifique pour les Français de l'étranger. Elle est la seule candidate à en avoir un. C'est l'occasion, ici à Lisbonne, avec la communauté, avec Laurent Goater [conseiller français au Portugal et candidat Les Républicains dans la péninsule ibérique aux élections générales], qui fait un travail formidable, et avec Françoise Feunteun Conestabile [conseillère consulaire] de donner ces explications.


Lors des élections portugaises, l'abstention est très forte dans le vote des étrangers, avez-vous le sentiment que les Français de l'étranger sont impliqués ?

Lors des élections présidentielles, le taux de participation est le plus élevé, c'est l'élection principale de la démocratie française. Il est vrai que le taux de participation est inférieur à celui des Français en France, mais il y a des raisons pratiques. Certains Français vivent à mille kilomètres du bureau de vote. Mais même si vous habitez à 200 km du consulat le plus proche, le trajet aller-retour est de 400 km. Pour une personne âgée, par exemple, sachant qu'elle peut faire la queue pendant une heure pour voter, ce n'est pas un mince effort. Il faut mettre le taux de participation en perspective. Ce n'est pas un manque d'intérêt. Les conditions de vote ne sont pas comparables à ce qui se passe en France où le bureau de vote est très proche du lieu de résidence.


Il n'y a pas de vote par correspondance ?

Pas pour les élections présidentielles. Mais pour l'élection des députés des Français de l'étranger, qui aura lieu en juin, le vote pourra se faire par internet.


La communauté portugaise est très bien intégrée en France, mais s'implique-t-elle dans la politique ?

C'est une communauté extraordinairement bien intégrée et aimée des Français. Et cela se traduit par le nombre d'élus dans les communes, les conseils départementaux et les conseils régionaux qui sont d’origine portugaise. Ils sont très bien représentés dans la République, très bien intégrés. Autour de Valérie Pécresse, au QG de campagne, il y a beaucoup de franco-portugais.


L'image de la communauté portugaise a-t-elle beaucoup changé ces dernières années ?

Oui, c'est le cas. Et la preuve, ce sont ces représentants élus. Maires, adjoints au maire, d'origine portugaise ou franco-portugaise. Quand on vote pour quelqu'un, c'est parce qu'on a de l'admiration, du respect et de la confiance en cette personne. Il est le meilleur symbole de cette intégration et de cette réussite.

 

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